Plongées volcaniques en Islande


L’Islande... Quelle idée d’aller dans ce pays au bord du cercle arctique pour plonger ? Il faut reconnaître que, bien que située aux portes de l’Europe, l’Islande reste discrète. On la croit gelée, elle ne l’est pas (du moins, pas toujours), grâce au Gulf Stream, ce courant chaud qui remonte des mers du sud en longeant les côtes américaines, avant de traverser l’océan Atlantique pour venir réchauffer un peu cette grande île. Malgré sa position sur le cercle arctique, l’Islande bénéficie donc en été d’un climat proche de celui de la Bretagne, avec une particularité tout de même : en été, n’attendez pas la nuit pour dormir, sinon votre sommeil risque d’être bref... En hiver en revanche, vous ne risquez pas de surexposition à la lumière solaire, le lever du soleil correspondant à peu près à son coucher...



Un climat tempéré, avec des températures estivales pouvant dépasser les 15°, alors que la mer présente une température de 6 à 8 degrés. Pas très chaud, certes, mais ce n’est quand même pas le pôle Nord... A cette période, l’Islande quitte son manteau neigeux accumulé pendant l’hiver pour laisser exploser la vie qui a l’air de prendre sa revanche sur la période hivernale. Le pays entier fleurit dans un déluge de verdure.
Mais l’intérêt principal reste ce phénomène géologique étonnant qui peu à peu, coupe l’Islande en deux de quelques centimètres par an. Car l’Islande est placée juste sur la séparation des deux plaques continentales d’Europe et d’Amérique du nord. Ces failles, qui traversent le pays du sud-ouest vers le nord-est, forment d’immenses craquelures géantes, remplies de l’eau de fonte des glaciers des montagnes environnantes, une eau pure et d’une limpidité telle que la visibilité en plongée dépasse allègrement les 100 mètres ! Par contre, son origine glacière ne la réchauffe pas et les plongées dans les plans d’eau intérieurs se font dans une eau à 2° en moyenne... Mais avec une telle visibilité offrant le spectacle grandiose de la déchirure de notre planète, ces impressionnants canyons profonds et étroits aux parois minérales torturées, on ne peut que ressortir émerveillé de ces plongées. D’autant plus qu’avec l’absence de pollution, l’eau douce dans laquelle on plonge est potable.

Les sites de plongée : L’Islande présente des sites de plongée très variés, dont certains sont uniques au monde. C’est cette particularité qui nous donna l’idée d’organiser une expédition à la découverte de ce pays étonnant.

Des plongées classiques de bord de mer ou d’épaves semblables aux littoraux nordiques, comme dans la région de Reykjavik, au cours desquelles on rencontre des bancs de lieux, de poissons plats (limandes, carrelets,...), mais aussi les fameux loups de mer et les lompes, connus pour leurs œufs. L’épave du El Grillo, à Seydisfjordur, dans un fjord de l’est, mérite quand à elle le détour. Ce pétrolier coulé pendant la seconde guerre mondiale est un grand classique des plongeurs islandais.

Des plongées moins classiques comme les fameuses failles géologiques de Silfra ou de Nesgja, tellement spectaculaires qu’elles vous  font oublier l’eau froide.



Des plongées carrément déroutantes, comme les cheminées volcaniques de Strytan, près de la ville d’Akureyri au nord, dont la plus grande remonte d’un fond de 70m jusqu’à 15m de la surface, crachant un débit continu d’eau chaude qui, se mélangeant à l’eau froide environnante, crée une bulle tempérée dans laquelle se développe une vie très riche.

Des plongées impressionnantes comme ces sources thermales qui jaillissent sous pression du fond des lacs, comme à Krysuvik, près de Reykjavik. Là, on a l’impression de plonger au milieu d’un tremblement de terre, car les bulles de gaz qui jaillissent du sol créent une pression si forte qu’elle fait vibrer la roche.

Un pays plein de surprises... Sur terre, on traverse des paysages magnifiques avec les geysers de Strokkur, les plus grands d’Europe, les sources thermales et les lacs de volcans décorés par les dépôts de souffre dans lesquels on peut même se baigner. Autour, les cratères et formations volcaniques sont prétextes à de nombreux clichés. On traverse aussi sur la côte sud, le «lagon des icebergs», qui nous rappelle que nous nous trouvons quand même tout près du cercle polaire arctique... Ce lagon rempli d’icebergs est alimenté par le plus grand glacier d’Islande qui déverse ici ses blocs de glace toute l’année. Un spectacle étrange que cette plage de sable noir où gisent des blocs de glace de toutes tailles, malmenés par le ressac, tels des pierres précieuses qui lancent des éclats sous les reflets du soleil...

L’Islande est le pays aux mille cascades. Son relief tourmenté propulse ses innombrables cours d’eau dans des chutes d’eau dont certaines sont parmi les plus spectaculaires d’Europe.

Et aussi, si vous avez le courage d’affronter la nuit islandaise, vous pouvez peut-être admirer l’un des plus beaux spectacles de la nature : les fantastiques aurores boréales...



Une expédition réussie. La plongée en Islande est accessible à des plongeurs ayant la capacité d’utiliser une combinaison étanche, capables de se stabiliser en pleine eau avec celle-ci et ayant déjà une expérience minimale de plongées en eau très froides. Il faut aussi avoir un certain goût de la découverte et de l’aventure, car une expédition n’est pas un voyage-club où tout est garanti. Ainsi, quand on va dans un pays aux conditions climatiques aléatoires, le programme peut connaître des chamboulements. Par exemple, en Islande, un dicton affirme que «si le temps qu’il fait actuellement ne te convient pas, attends juste 10 minutes»... De par sa position entre l’Europe et le Groenland, l’Islande subit directement les influences météorologiques de toutes directions. Ainsi le vent peut changer plusieurs fois par jour et le soleil joue constamment à cache-cache avec les averses. Mais il n’est pas rare en été de bénéficier de quelques jours de soleil radieux. Le pays change alors complètement de visage, les couleurs explosent, les perspectives immenses des plaines de lave coincées entre les volcans sont à donner le vertige car avec la pollution inexistante, la vue porte jusqu’à l’horizon lointain...

L’Islande, grande comme le quart de la France, compte à peine 300 000 habitants, dont les deux tiers vivent à Reykjavik. Le reste du territoire compte donc environ 1 habitant pour 10 km2.

Les espaces vierges sont nombreux et on peut parfois rouler pendant des kilomètres sans rencontrer une maison. Le pays n’étant pas favorable à l’industrialisation à outrance, il soutient plutôt l’artisanat et les métiers naturels. Ajoutez à cela la nature du sol volcanique qui n’est pas favorable à l’industrie agro-alimentaire telle que nous la connaissons dans le reste de l’Europe et vous comprendrez pourquoi l’Islande ne connaît pratiquement pas de pollution. Ainsi, tous les cours d’eau sont potables, ce qui est loin d’être le cas chez nous...

Malgré sa position septentrionale, l’Islande présente une végétation très riche qui s’emballe dès l’arrivée des beaux jours. Une végétation courte, mais très variée, où les plantes et fleurs diverses se mélangent aux arbustes aux baies aromatiques colorées. Cette sorte de lande est très appréciée des moutons dont les élevages ne connaissent pas de barrières : ils vivent en quasi-libertés et sont seulement rassemblés en septembre, avant l’arrivée de la période froide, pour être mis à l’abri.  On a l’impression, quand on parcourt ce pays, de se trouver dans une sorte de far west moderne et écologique...

Cette ambiance nous a beaucoup plu. La bonne ambiance et la fascination de la découverte a soudé le groupe qui a vécu un extraordinaire voyage. Ainsi, deux jours de tempête de neige (oui oui, en plein mois de septembre !) ont obligé à modifier quelque peu le programme établi, mais sans perdre pour autant les plongées prévues qui n’ont été que décalées. Mieux que cela, le mauvais temps sur la côte nous a permis d’aller explorer des failles inondées qui jusque là, n’avaient jamais été plongées... De l’exploration à l’état pur !

Les plongées en mer ou dans les failles tectoniques et les visites de sites naturels comme les geysers, les sites géothermiques ou les innombrables cascades se sont succédées le long d’un itinéraire qui faisait le tour de l’Islande, donnant l’occasion de découvrir les particularités de chaque région, comme par exemple la visite (et dégustation...) d’une brasserie de bière locale ou bien un repas dans un restaurant installé... dans une étable, dans une cabine surplombant les vaches. Assurément ce voyage fut une belle expérience pour tous les participants qui en sont revenus enchantés.