Plongée à Oman


L'Airbus vire sur l'aile et se pose majestueusement. Une nuit de vol, un stop à Dubaï et nous voici à Mascate, la capitale du sultanat d'Oman, destination assez peu connue des plongeurs.

Après les formalités de douane et la récupération des bagages (sauf le mien, resté à l'escale et que je ne récupèrerai que le lendemain soir) nous sortons de l'aérogare. Malgré l'heure matinale le soleil est déjà fort. Un car nous attend et nous fait traverser la ville jusqu'à notre hôtel. Celui-ci est moderne avec piscine. Malheureusement le service et la nourriture, quelconque, insuffisante et servie froide ne seront pas à la hauteur du décor.

Nous serons plusieurs fois obligés de nous rabattre sur les petits restaurants sympas du quartier du port. Là nous goûterons la cuisine locale ou l'assaisonnement des sauces nappant la viande ou le poisson laissera un inoubliable souvenir à certains gosiers fragiles !

Dès le lendemain une demi-heure de bus nous amène au centre de plongée situé dans un club privé. C'est le seul endroit ou nous trouverons de la bière, le reste du pays étant soumis au régime sec. Le contrôle des papiers est plus que symbolique.

Les plongées s'effectuent à raison de deux par matinée, le vent se levant à la mi-journée et nous obligeant à rentrer en début d'après-midi, ce qui nous laisse du temps pour les visites terrestres.

Nous partons sur deux barges aménagées et fortement motorisées (2x130 CV HB). En trente minutes nous sommes sur les lieux de plongée, généralement les îles Daymaniats. Ce sont quelques écueils désertiques, seulement peuplés d'oiseaux de mer, classés réserve naturelle…

Les briefings sont symboliques (du genre : vous allez par là et à 100 bars vous revenez par ici !).

Nous nous immergeons dans une vingtaine de mètres le long de petits tombants. Si la température est très acceptable (25°), la visibilité par contre n'est pas fameuse : elle oscillera de 5 à 10 mètres durant tout le séjour. Plutôt décevant pour une eau tropicale !

En revanche les fonds, parsemés d'étranges gorgones violettes, sont très poissonneux.


Nous retrouvons toute la faune des mers chaudes : poissons anges, raies, murènes, poissons coffres etc… Souvent nous palmons près d'une tortue et parfois des liches passent comme des torpilles à la limite de notre champ de vision. Même des espèces réputées être endémiques à la mer Rouge comme le Pomacanthus Maculatus, sont présentes dans le golfe d'Oman ! Le coin est réputé pour ses "gros" mais cette mauvaise visi nous les dissimule.

Le deuxième jour un trajet plus long, une heure sur une mer plate, nous dépose au-dessus de l'épave du Al-Mounassir, navire militaire coulé il y a quelques années pour créer un spot de plongée. L'eau est toujours aussi peu claire mais le bateau, posé à plat sur un fond d'une trentaine de mètres et semblant sortir de la brume, est spectaculaire. Peu de coraux (ça viendra) mais beaucoup de poissons. Nous descendons jusqu'aux hélices.

Là une grosse raie pastenague à moitié enfouie dans le sable semble nous attendre.

Nous remontons sur le pont, explorons les cabines arrières et nous glissons ensuite dans la salle des machines : certains cadrans y sont encore lisibles. Palmant dans les coursives nous atteignons l'étrave. Elle est plate ce qui laisse à penser que le navire était un Landing Ship (péniche de débarquement). Il reste quelques affuts de mitrailleuses mais les armes ont été démontées. Nous repassons par les vastes cales vides et finissons la visite par la traversée de la passerelle. 

Le retour est plus mouvementé : le vent s'est levé et les barges tossant dans les vagues, nous sommes copieusement arrosés. Heureusement le soleil tape dur.

Ce vent ayant forci nous fera perdre une journée de plongée : les bateaux ne peuvent pas sortir. Nous en profitons pour visiter Mascate. C'est une grande cité moderne, traversée par de larges avenues, la nuit brillamment éclairées. Les concessionnaires de toutes marques de voitures de luxe y étalent leurs aguichantes vitrines et si les embouteillages ne sont pas rares, la circulation reste malgré tout assez fluide. Le portrait du sultan est omniprésent, ornant chaque lampadaire. Nous allons tout d'abord à la Grande Mosquée. Eclatante de blancheur sous le soleil qui se reflète dans son dôme, elle est entièrement dallée de marbre. L'édifice est neuf (à peine six ans) et rutilant. Prévenus nous sommes tous en pantalon (pas de short) et nos compagnes doivent cacher leurs cheveux sous un châle. Nous nous déchaussons et pénétrons à l'intérieur. C'est magnifique ! Le dôme est entièrement décoré ainsi que tous les panneaux, tous les murs. Ce n'est qu'un entrelac de divers motifs géométriques de toutes couleurs. La salle est éclairée par des lustres tout en cristal et en dorures dont le principal, au centre, énorme fait immanquablement penser à un vaisseau cosmique des films de Spielberg.     


Nous restons longtemps admiratifs. De retour à l'extérieur nous flânons dans les jardins parfaitement entretenus : partout du personnel taille, coupe ou nettoie le sol. Quel travail sans fin ! Notre car nous emmène ensuite au vieux port du quartier de Mouttrah.

Parmi les bateaux de pèche moderne deux boutres sont mouillés. Ils sont là pour les touristes et ne sortent plus depuis longtemps. Une courte visite au marché aux poissons, propre et sans odeur, un déjeuner typique dans un resto du coin et nous nous dirigeons vers le souk mitoyen du port.

Là dans d'étroites venelles ou flotte un parfum d'encens tout se vend : articles ménagers, étoffes, bijoux, épices. Des artisans cisèlent l'or et l'argent. Des gamines belles comme le jour nous sourient sans aucune gène, ça discute, marchande, boit le thé, rigole dans un joyeux désordre. Bref : le souk !

Nous rentrons à l'hôtel en longeant une plage qui n'en finit pas. Elle est envahie en cette fin d'après midi par une multitude de jeunes gens qui par petits groupes jouent au foot.

C'est ici (aussi) un sport national et si les techniques sont à perfectionner, l'enthousiasme est incontestable.

Si le pays est remarquable, l'organisation est particulièrement cool. Nous nous retrouvons au club et nous retournons sur les îles Daymaniyats. Suite au vent la visi n'est plus que de 5-6 m. Avec mon équipier nous piquons vers le large dans l'espoir de surprendre une bête de taille. Long palmage sur le sable. En vain. Le fond reste vide et le brouillard planctonique fait écran à notre vue. Seule une palanquée aura la chance d'apercevoir, ce jour là, un jeune requin baleine.

De retour à terre nous retrouvons le local. Nous chargeons nos sacs. L'ultime journée sera consacrée à une excursion à Nizwa, bourgade située à 1 h 30 de très bonne route de Mascate. Nous arrivons vers 9 H 00, le car se gare comme il peut sur une place envahie par toutes sortes de véhicules : voitures, camionnettes, camions. Nous fonçons tout de suite vers l'attraction locale : le marché aux bestiaux du vendredi. Enormément de monde. Les bêtes défilent une à une dans une sorte de couloir à travers la foule. Les enchères pleuvent, ça crie, ça hurle. Bousculés, abasourdis nos n'y comprenons pas grand chose ! Nous remarquons que la plupart des hommes portent le khanjar, poignard recourbé propre à toute la péninsule arabe et qu'ici les femmes ne sont pas voilées : elles sont masquées ! Une étoffe noire percée de deux trous et sous-tendue par une barrette de bois reposant sur leur nez leur cache complètement le visage.

Nous éloignant de ce brouhaha, nous allons faire un tour dans les souks : épices, légumes, viandes, poissons sont proposés aux acheteurs dans divers bâtiments. Vous pouvez choisir votre poulet vivant qui sera immédiatement égorgé et vidé devant vous ! Nous allons ensuite parcourir le fort du XVIIè siècle qui domine la ville : belle vue sur la mosquée, la palmeraie et les montagnes voisines. Des canons garnissent les échauguettes et d'impressionnantes grilles ferment les accès de mystérieux souterrains. Au pied de la bâtisse de nombreuses boutiques pour touristes. On peut néanmoins y trouver quelques fusils Enfield datant de Lawrence d'Arabie et des munitions de tous calibres.

Après ce déjeuner et le thé à la menthe nous terminons notre périple par la visite de Tanouf. Cette ville rebelle au sultan de l'époque a été, à sa demande, bombardée par les anglais en 1956. Elle fut reconstruite à côté et les ruines préservées. C'est saisissant : des pans  de mur se dressent encore en un décor surréaliste. Vue du haut de la colline la surplombant on à l'impression d'une cité antique abandonnée, Atlantide des sables.

Nous finirons notre voyage sur cette vision intemporelle.

Pour conclure, si ce pays est attachant et qu'il y reste beaucoup de lieux à découvrir, la plongée par contre est un peu décevante et son organisation est à revoir...