Le Yucatan, et plus particulièrement la région du Quintana Roo s’étendant autour de la station balnéaire de Playa del Carmen, au Mexique, est un haut lieu mondial de la plongée souterraine. Les cénotes se comptent par dizaines. Certains sont accessibles au commun des plongeurs, tout au moins dans leur partie proche de la lumière du jour et facilement accessible depuis l’entrée. Le « cavern diving » se pratique désormais couramment, avec l’aide de guides certifiés connaissant parfaitement les lieux. D’autres cénotes, moins connus, plus difficiles d’accès ou bien présentant des conditions de plongée plus techniques, sont réservés aux « cave divers », les plongeurs souterrains certifiés et expérimentés. D’autres encore, et ils sont nombreux, ne sont toujours pas explorés, perdus au cœur de la forêt dense qui recouvre la région.
La plongée en cénotes est très réglementée pour éviter les accidents. Les autorités locales ont instauré une réglementation très stricte en rapport avec les compétences des plongeurs. Des cavernes ouvertes à tous, mais…
Le plus souvent, des « journées cénotes » sont proposées aux plongeurs touristes venus goûter à la belle eau turquoise de la mer des Caraïbes, comme une option à leur séjour. Au cours de cette journée, deux ou trois cénotes sont visités, toujours dans les alentours immédiats de Playa del Carmen, afin de réduire les trajets au minimum.
Mais un séjour spécifique de plongée dans les cénotes est une expérience extrêmement exaltante : plongées dans huit cénotes, agrémentées de visites de sites Mayas et d’une réserve naturelle et pour finir, deux plongées en mer pour retrouver l’eau salée. Un programme qui sort du commun et qui vous laissera des souvenirs impérissables !
Première journée, première plongée : Car Wash, connu et relativement fréquenté, mais le site idéal pour prendre ses marques, tester sa flottabilité et régler son matériel. Pour cela, une grande vasque peuplée de divers petits poissons, de nénuphars et quelque peu encombrée de branches d’arbres. Avec un peu de chance, on peut y surprendre de petites crocodiles, comme ce fut le cas ce jour-là. De cette vasque partent deux galeries ; nous allons suivre la première, contournant une grande cavité clairement jalonnée et pourvue de formations calcaires. Depuis la cavité, la vue de l’entrée à contre-jour, fantômatique dans une ambiance glauque, est impressionnante. A la sortie, une promenade dans la vasque permet de se faufiler dans la végétation aquatique dans une eau d’une limpidité exceptionnelle.
Pour la deuxième plongée, nous nous dirigeons vers Calavera. Situé au fond d’une propriété, l’accès à ce cénote demande un peu de portage du matériel sur une centaine de mètres. C’est l’effondrement de la voûte qui a révélé le cours d’eau souterrain. La vision est impressionnante ; un trou circulaire de quelques mètres de diamètre, et trois ou quatre mètres plus bas, l’eau sombre… Il faut sauter pour accéder à l’eau. Dessous, la cavité circulaire s’enfonce autour d’un cône d’éboulis. Une ambiance toute particulière avec les rais de lumière provenant de l’ouverture et s’enfonçant dans l’eau.
Le lendemain, deux autres cénotes sont au programme. Nous commençons par Angelita, l’un des cénotes les plus impressionnants et les plus spectaculaires question ambiance. Sous la surface de ce petit lac perdu dans la végétation, un puits profond et vertical s’enfonce. Saut droit de trois mètres de haut pour la mise à l’eau. A une trentaine de mètres de profondeur, on aperçoit le sommet d’un cône d’éboulis, noyé dans un nuage compact qui donne l’impression d’avoir atteint le fond. Il n’en est rien : il s’agit en fait d’un nuage de sulfure d’hydrogène, dû à la décomposition de la végétation tombée dans l’eau. Le corps disparaît progressivement à mesure qu’on s’enfonce dans le nuage de brume filandreuse. Sous ce faux plafond, la lumière ne pénètre pas. Dans une quasi-obscurité, la plongée continue contre les parois. On stoppe à quarante mètre, alors que le fond est loin d’être atteint, mais réservé aux plus expérimentés. Une expérience étonnante dans une ambiance genre « fin de monde », très glauque avec les silouhettes fantômatiques des arbres qui jaillissent du nuage.
On enchaîne avec Grand Cenote. Haut-lieu touristique, Grand Cenote est très fréquenté par les touristes et les snorkeleurs. Il est en revanche bien équipé : parking, sanitaires… Si la vasque est occupée par les nageurs, dès que l’on s’enfonce dans la cavité, on trouve tout l’intérêt de cette plongée : un décors somptueux de formations calcaires, de piliers et de galeries, le tout éclairé de jeux de lumière provenant de nombreuses ouvertures sur l’extérieur. Une plongée à grand spectacle qui vaut le détour et qui est parfaite pour une seconde immersion de la journée, peu de profondeur, un itinéraire sans risque dans une eau parfaitement limpide. L’accès à l’eau est facilité par un escalier et un apontement. Pas vraiment hors des sentiers battus, mais il serait dommage de le négliger.
Le jour suivant, on gravit un niveau supplémentaire avec l’un des sites les plus somptueux du Yucatan : Dream Gate. Ce cénote porte bien son nom par la beauté des formations calcaires qu’il contient. Une doline (effondrement du sol formant une cuvette circulaire) occupée en son centre par un îlot où est installé un escalier en bois. A la périphérie, à l’aplomb de la paroi, partent plusieurs galeries qui donnent accès à des salles magnifiques par la richesse et la finesse des formations qui les garnissent. Une promenade merveilleuse dans un environnement unique et encore peu détérioré, puisque le site à été découvert il y a tout juste quelques années et est très peu fréquenté . Ici, il est très important de maîtriser parfaitement sa flottabilité et ses mouvements, à cause de la finesse et de la fragilité des innombrables aiguilles calcaire qui tombent du plafond par grappes.
Pour se remettre de ses émotions, la deuxième plongée se fera dans un environnement complètement différent : Casa Cenote, un cénote à ciel ouvert, dont le plafond est constitué d’une masse compacte de racines de la mangrove qui couvre le littoral tout proche. Les galeries courent entre les racines avant de s’enfoncer dans la roche. Le site est habité par de nombreuses espèces de poissons, la mangrove représentant le lieu idéal pour la reproduction et le développement des alevins à l’abri des prédateurs. Une ambiance encore bien différente des autres sites visités jusque là.
Pour ponctuer le séjour et s’offrir un petit répis, la journée suivante est consacrée à la visite du site Maya de Coba. Ancienne ville très étendue, Coba n’est que partiellement défrichée. Seuls 30% des ruines sont accessibles, le reste gisant toujours sous la végétation. Coba, moins connue que Chichen Itza, présente l’avantage d’être aussi moins policée. Le public peut monter en haut de la grande pyramide, l’un des bâtiments antiques les plus hauts de tout le Mexique. La particularité de ce site a attiré les touristes et en quelques années, sa fréquentation a été décuplée. La visite est très réglementée et encadrée par des guides locaux, mais elle vaut quand même le détour. On peut y voir des symboles et des constructions caractéristiques de la période Maya.
A la sortie du site archéologique, s’étend une immense lagune dont le rivage a été équipé d’une passerelle en bois surélevée qui court sur quelques centaines de mètres, d’où l’on peut observer confortablement les éventuels crocodiles qui viennent se vautrer dans les joncs de la rive marécageuse. Ces animaux n’étant pas commandés par l’office du tourisme, il n’est bien évidemment pas garanti d’en voir systématiquement. Il n’est pourtant pas rare de pouvoir en observer, en ouvrant bien l’œil, en train de faire la sieste dans la végétation.
Retour aux cénotes le jour suivant, avec un site particulièrement spectaculaire : The Pit. Jusqu’à tout récemment, ce site était réservé aux aventuriers confirmés, à cause de son accès difficile (300 mètres de portage dans la jungle) et sa mise à l’eau sportive (saut de 7 mètres dans une faille étroite et remontée en escaladant la paroi). Depuis quelques semaines, le site a été aménagé pour rendre son utilisation plus confortable : une piste carrossable a été taillée et un escalier de bois permet une mise à l’eau aisée. Mais la plongée n’en reste pas moins simpressionnante, grâce à un volume énorme baigné d’une eau extrêmement limpide. Les rayons du soleil vont heurter les parois, formant des jeux de lumière spectaculaires. La cavité est très profonde (120m), mais nous nous arrêtons à 40m, la suite étant réservée aux spécialistes. The Pit présente lui aussi la particularité de posséder une couche de sulfure d’hydrogène, moins dense que celle d’Angelita, mais qui est suffisante pour créer une ambiance onirique.
Pour clore le périple, la dernière plongée se fait à Pet Cemetary. Plongée aisée et peu profonde, idéale en seconde partie de journée. Le site se caractérise par des formations calcaires très impressionnantes, gros volumes, piliers, festons, dont la partie inférieure disparaît dans des dunes de sable blanc qui avait envahi complètement la cavité avant d’être partiellement dégagée pour les plongeurs. Autre particularité, la présence d’ossements d’origine animale, probablement les restes d’animaux tombés de la falaise qui surplombe la doline. Le site pourtant relativement éloigné de la route, est particulièrement bien équipé pour les plongeurs.
Nous continuons le séjour par la visite d’un second site historique Maya : Ek Balam. Encore en partie enfouie sous la végétation, Ek Balam fut jadis une très importante cité religieuse de la région. Si la fréquentation de ce site situé à l’écart des routes touristique est en plein essor, ce n’est pas un hasard. Son intérêt historique est indéniable, avec la présence de bâtiments caractéristiques et de décorations en pierre taillée d’une grande valeur artistique et historique. Ce site unique fait toujours l’objet d’études approfondies par les archéologues. L’architecture monumentale, les alignements de couloirs en rapport direct avec la position du soleil à certaines périodes de l’année, les gravures et autres mobiliers témoignent que Ek Balam fut une riche capitale régionale.
Nous continuons ensuite notre route vers l’immense réserve de Rio Lagartos, qui est l’une des plus importantes du pays. On y compte 580 espèces d’animaux, parmi lesquelles 58 espèces de mammifères, 378 espèces d’oiseaux, 95 amphibiens et 71 espèces de poissons. La visite se fait à bord de bateaux rapides qui sillonnent la lagune qui s’étend à perte de vue, parsemée d’îlots. On peut y voir des flamands roses, des pélicans et bien d’autres espèces moins connues. Entre les racines de la mangrove, il n’est pas rare d’observer des crocodiles profitant de la chaleur du soleil.
Retour à l’eau salée. Comme on ne peut pas aller dans un tel petit paradis des Caraïbes sans jeter un coup d’œil aux fonds marins, on termine le séjour par une journée de plongée en mer. Ce jour-là a été choisie une épave de bateau militaire immergée au large de Puerto Morelos, charmant village typique situé au nord de Playa del Carmen. D’autres plongées sont possibles, selon la période de l’année, comme les requins bouledogues, les requins baleines ou les espadons voiliers, ou pourquoi pas, une journée sur l’île de Cozumel, juste en face…